• Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux la Très Miséricordieux

     

    Introduction

    Louange à Allah,  C’est Allah que nous louons, c’est à Allah que nous demandons de nous protéger contre le mal que nous faisons à nous même et contreles mauvaises actions que nous pouvons commettre. Celui qu’Allah met sur la bonne voie, nul ne peut l’égarer et celui qu’Allah égare nul ne peut le remettre sur la bonne voie. Je témoigne que nul n’est en droit d’être adoré qu’Allah et je témoigne que Mohammed  est son serviteur et envoyé.

    L’Islam a consacré à la femme une place honorable en lui assignant le rôle d’éducatrice des générations. Il a relié la prospérité de la société à sa prospérité, et sa corruption à la sienne et ce car son rôle dans la société est d’une importance majeure .C’est en effet à elle qu’incombe l’immense devoir d’éduquer les enfants qui seront les éléments constitutifs de la société de demain.

    Le Coran a privilégié la femme en lui consacrant une Sourate entière , la sourate « Les femmes » . Et la mère a été élevé à un très haut rang comme en témoigne le verset suivant :

    { Et ton Seigneur a décrété « N’adorez que Lui, et (marquez) de la bonté envers les père et mère. }
    [ Sourate 17 : verset 23]

    Le prophète lui a assigné la noble responsabilité d’éduquer les enfants. Il a dit : « …et la femme est gouvernante dans la maison de son mari et elle est responsable de l’objet de sa garde. » [Al Boukhari et Moslim]

    Que celui qui cherche davantage d’éclaircissement au sujet de la valeur de la femme en Islam, qu’il lise ce livret. J’implore Allah qu’il en fasse bénéficier les lecteurs et rende notre intention sincère dans l’accomplissement de cette oeuvre .

    De Mohammad Ben Jamil Zino.

     

    La valeur de la femme chez les arabes en période pré-islamique

     

     

    1 - La femme n’avait pas droit à l’héritage. Les arabes disaient : ‘ Ne nous hérite que celui qui porte l’épée et protège son clan.’

    2 - La femme n’avait aucun droit sur son mari, le nombre de répudiations n’était pas limité, le nombre d’épouses pour un seul homme ne l’était pas non plus, et lorsque le mari mourrait, la veuve passait à l’aîné de ses enfants issus d’un autre mariage, en même temps que les biens qui composaient la succession du défunt.

    Selon Ibn Abbas :  A l’époque pré-islamique, l’homme qui perdait son père ou son beau-frère, avait plus de droit sur sa femme (à l’exception de sa mère ou de sa sœur). Il pouvait jouir d’elle, tout comme la consigner chez lui jusqu’à ce qu’elle se rachète en lui cédant sa dot, ou qu’elle meurt et c’est encore lui qui récupérait ses biens.’

    3 - A l’époque pré-islamique (al Jahiliyya), la retraite de continence (al ‘idda ) durait une année entière. Le deuil (al ihdad) que portait la veuve pour son mari était éprouvant et humiliant. Elle portait ses plus mauvais vêtements, se confinait dans la plus mauvaise chambre, renonçait aux parures, aux bijoux et à tout ce qui pouvait l’embellir (az-zina). Elle évitait de se parfumer ou de se laver. Son corps ne touchait pas l’eau, elle ne taillait pas ses ongles et ne coupait pas un poil de son corps. Elle se cachait du regard des gens lorsqu’ils étaient en groupe, et au bout d’une année (de deuil). Elle sortait avec un visage très marqué et une odeur nauséabonde.

    4 - Les arabes de l’époque pré-islamique contraignaient leurs esclaves à la prostitution, et s’accaparaient leur salaire, jusqu’à ce qu’Allah   fit descendre :

    { [...] Et dans votre recherche des profits passagers de la vie présente,
    ne contraignez pas vos femmes esclaves à la prostitution. } [24 : 33]

    5 - Avant l’arrivée de l’Islam, il y avait différentes formes de mariage non-valides (zawaj fassid) chez les arabes :

    a) Une forme dans laquelle, un groupe de moins de dix personnes entrait chez une femme et celle-ci avait un rapport sexuel avec chaque homme. En cas de conception d’un enfant, la femme désignait l’homme à qui elle attribuait la paternité.

    b) Une forme connu sous le nom de « mariage pour améliorer la lignée ». L’homme cédait sa femme à un homme courageux et de haut rang dans le but d’engendrer un enfant possédant les mêmes caractéristiques que lui.

    c) Une forme connu sous le nom de « mariage temporaire (nikah al mout’a) » .Le mariage temporaire consiste à épouser une femme pour un délai déterminé.

    d) Une forme connu sous le nom de « mariage par compensation (ach-chighar) ». Il consiste à ce que l’homme donne en mariage une femme : soit sa fille, sa sœur ou toute autre femme qui est sous sa tutelle à un tiers à condition que ce dernier lui donne en mariage une femme sans la dot, car l’échange prend la place de la dot.

    Les deux derniers mariages se fondent sur la règle selon laquelle la femme est propriété de l’homme tout comme son argent et son bétail. Ces pratiques existent encore de nos jours chez certains peuples primitifs comme les bohémiens.

    Quant aux arabes de noble lignée comme les Quraysh, le mariage qu’ils pratiquaient est le même que celui des musulmans, comportant les fiançailles, la dot et le contrat. L’Islam a confirmé ce mariage tout en mettant fin à certaines traditions qui privent les femmes de leurs droits, comme le fait de les contraindre à se marier avec qui on veut, les empêcher de renouer avec leurs époux (après une séparation), reprendre injustement leur dot, etc…

    L’Emir des croyants ‘Omar Ibn Al Khattab disait : "Pendant la Jahiliyya, nous ne donnions aucune valeur à la femme, lorsque l’Islam est venu et qu’Allah a parlé d’elles, nous avons compris qu’elles ont des droits sur nous." [ Al Boukhari ]

     

    L’enterrement des filles vivantes



    Les arabes de l’époque pré-islamique haïssaient les filles, ils les enterraient vivantes par crainte du déshonneur. L’Islam a désapprouvé cette pratique. Le Très Haut  (Exalté) a décrit son atrocité et a dit des arabes de cette époque (al Jahiliyya) :

    { Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l’envahit]. Il se cache des gens à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement ! } [16 : 58-59]

    Le Très Haut  (Exalté) les a blâmé en disant :

    { et qu’on demandera à la fille enterrée vivante, pour quel péché elle a été tuée. } [81 : 8 - 9]

     

     



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  • Plus le serviteur redouble d'efforts dans la réalisation du Tawhîd, plus il est susceptible d'entrer au paradis quels que soient ses actes.

    Allah  dit :

    " Ceux qui ont cru et n'ont point troublé la pureté de leur foi par quelqu'iniquité (association), ceux-là ont la sécurité; et ce sont eux les bien-guidés " [ Sourate 6 - Les Bestiaux - verset 82 ]

     

    Dans ce verset, l'iniquité désigne le polythéisme, conformément au hadith d'Ibn Mas'ûd que l'on trouve dans les deux recueils de hadiths authentiques ( Al-Bukhârî et Muslim ), où le Prophète a dit au sujet de ce verset - qui parut difficile à appliquer aux yeux des Compagnons au point où ils s'exclamèrent : « Ô Prophète d'Allah ! Qui de nous n'a jamais commis d'injustice envers lui-même ? » - : « Il ne s'agit pas de ce à quoi vous pensez. L'injustice ici désigne le polythéisme. N'avez-vous pas entendu la parole du serviteur pieux [Luqmân] :

    " Et lorsque Luqman dit à son fils tout en l'exhortant : " O mon fils, ne donne pas d'associé à Allah,
    car l'association [à Allah] est vraiment une injustice énorme " [ Sourate  31 - Luqmân, verset 13 ] .

     

    Le sens du verset correspond donc au sujet du chapitre : ceux qui ont cru et n'ont point troublé la pureté de leur foi par quelque polythéisme, ceux-là ont la sécurité, c'est-à-dire qu'ils ne connassent pas la peur, le supplice et le malheur, et ce sont eux les biens guidés. Ainsi la récompense de celui qui croit sans troubler la pureté de sa foi par quelqu'iniquité - c'est-à-dire sans entacher son Tawhîd par du polythéisme - est la sécurité complète et la guidée totale. Par conséquent, chaque fois que le Tawhîd diminue du fait que le serviteur commet certaines formes d'injustice correspondant au polythéisme, la sécurité et la guidée disparaissent proportionnellement.

     

    'Ubâdah ibn As-Sâmit a dit : « Le Prophète a dit :

    « Quiconque atteste qu'il n'y a pas de divinité [en droit d'être adorée] si ce Allah, Unique et sans associé, que Muhammad est Son serviteur et messager, que 'Îsâ (Jésus) est le serviteur d'Allah, Son messager, Sa Parole qu'Il envoya à Maryam (Marie), et une âme venant de Lui, que le paradis est vérité et que l'enfer est vérité, entrera au paradis quels que soient ses actes. » [ rapporté par Al-Bukhârî, Muslim et Ahmad ]

    L'expression : « Quels que soient ses actes » signifie : « Même si cette personne manquait d'observance dans ses actes, même si elle a commis des péchés et des actes de désobéissance ». C'est l'un des mérites du Tawhîd dont bénéficient ses adeptes.

    Al-Bukhârî et Muslim rapportent également un hadith de 'Itbân : « Allah a interdit au feu [de l'enfer] de toucher toute personne attestant qu'il n'y a pas de divinité [en droit d'être adorée] si ce n'est Allah, recherchant par là le Visage d'Allah »

    Ainsi, lorsqu'une personne recherche la face d'Allah en prononçant cette parole - qui est la formule du Tawhîd - tout en en remplissant ses conditions et en respectant ses implications, Allah la traite avec miséricorde, et lui donne ce qu'Il lui avait promis, à savoir qu'Il la préserve contre le feu de l'enfer. Et ceci est une immense faveur.

    Quant à la personne qui se présente devant Allah avec le Tawhîd, en ayant délaissé son contraire, à savoir le polythéisme, mais en ayant toutefois commis quelques péchés et transgressions, et qui est morte sans s'être repentie, son sort dépendra de la volonté d'Allah : s'Il veut, Il la châtie, puis la sortira du feu de l'enfer, après qu'elle y ait passé un certain temps. Et si Allah le veut, Il lui pardonne et interdit au feu de l'enfer de la toucher initialement et de façon absolue.

    Abû Sa'îd Al-Khudrî rapporte du Prophète qu'il a dit :

    « Mûssâ (Moïse) a dit :
    "Seigneur ! Enseigne-moi une chose au moyen de laquelle je me souviendrai de Toi et T'invoquerai."

    Allah dit : « Dis - ô Mussâ - : "Il n'y a pas de divinité [en droit d'être adorée] si ce n'est Allah".

    Mûssâ   s'écria :  "Seigneur ! Tous Tes serviteurs disent cela !

    Allah dit alors :

    « Ô Mûssâ, si les sept cieux, leurs occupants, et les septs terres étaient posés sur un des plateaux d'une balance, et que la parole :  "Il n'y a pas de divinité [en droit d'être adorée] si ce n'est Allah" était posée sur l'autre plateau, la balance pencherait [du côté où est posée cette parole] » [ rapporté par Ibn Hibbân et Al-Hâkim ]

    Ce hadith est un argument en faveur du fait que si l'on se représente un serviteur dont les péchés auraient atteint le poids des sept cieux et de ses occupants parmi les serviteurs et les anges, en plus du poids de la terre, alors la parole : « Il n'y a pas de divinité [en droit d'être adorée] si ce n'est Allah » aurait été plus lourde encore.

    Cependant, cette grande faveur attachée à la formule du Tawhîd ne sera accordée qu'à celui dont le cœur est fortement attaché à cette parole, celui qui est sincère et véridique, qui n'éprouve aucun doute quant à son sens, qui y croit et l'aime. L'effet de cette parole et sa lumière aug­mentent alors intensément dans son cœur et brûlent en contrepartie les péchés.

     


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  • Le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice.Entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur,La vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté, entre la dignité et l'indignité


     


         Selon Abou Houreira qu'Allah l'agrée, le Messager d'Allah - Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui - a dit :


    « Parmi ceux qui vous ont précédés des fils d'Israël, il y eut des hommes qui n'étaient pas des prophètes, mais auxquels Allah a adressé la parole. S'il devait y en avoir dans ma communauté, ce serait Omar ! »


    [ Rapporté par Al-Boukhari ]


     


    Sa généalogie


         Il est Omar Ibn Al-Khattab Ibn Noufail Ibn Abd Al-Ouzza Ibn iyah Ibn Abd-Allah Ibn Qourt Ibn Rizah Ibn Adi Ibn Kaâb Ibn Louâay- Ibn Ghaâlib Al-Qoreïchi Al-`Adwi.


    L'imam An-Nawawi - qu'Allah ait son âme - a rapporté qu'il était né l'an 570-577 après Jésus Christ.Omar - qu'Allah soit satisfait de lui - a dit pour sa part qu'il était né 4 ans après la grande guerre des mécréants. Donc on peut fixer l'année de sa naissance aux alentours de 581 après Jésus Christ que le salut soit sur lui.


    Son père, Al-Khattab, était l'un des chefs les plus redoutés et les plus respectés, bien qu'il ne soit pas un riche notable.


    Le prénom de sa mère était Hintima bent Hachim ben Al Moughira des Banou Makhzoum.Il faisait partie des familles les plus illustres du clan des Banou `Adi, qui avaient les charges d'arbitrage, de médiation et d'ambassade et cela au cours de la période préislamique.


     


    Sa vie


    Etant jeune, Omar faisait paître leur bétail et celui de ses tantes paternelles. Devenu grand, il s'occupa du commerce, déplacements fréquents au Cham (qui englobait la Jordanie, la Palestine, la Syrie et le Liban).


    Il n'était pas riche, par contre sa sévère personnalité inspirait crainte et respect. Il fut un grand sportif réputé pour sa souplesse, cavalier émérite. Il participa à de nombreux tournois de lutte dans la foire d'Okaz. Il faisait partie de l'élite de Qoreich, sachant lire et écrire il était ambidextre, ayant une voix résonnante et puissante; Il était très sage et d'une lucidité surprenante.


    Omar  fut surnommé Abou Hafç "le père du lionceau", donc le lion, Omar a rapporté que c'était le Prophète lui-même, qu'il lui avait donné ce surnom. En effet, l'Envoyé d'Allah  l'interpella un jour : «Tu veux tuer l'oncle de ton Prophète (Abou Lahab l'ennemi de l'Islam) ?» Omar lui répondit : " En effet, Ô Messager d'Allah !"Alors le Prophète  lui dit : «Non ! Je ne veux pas que l'on dise que Mohammed tue ses parents !»C'est à cette occasion que le Messager d'Allah  le surnomma "Abou Hafç." Le père du lionceau.


    Grâce à son savoir, son intelligence, sa clairvoyance et son ouverture d'esprit, il créa une extraordinaire structure administrative qui marqua la genèse de la civilisation musulmane.


     


    Sa physionomie


         Son fils, Abd Allah  raconte que son père était grand et fort, avec une peau claire, son visage d'un teint rosé.Selon Oubayd ben `Oumir, Omar  fut d'une taille supérieure, d'une imposante carrure, chauve. Sa peau était blanche, il portait une moustache dégarnie de couleur rousse.


    Anas ibn Malek  rapporte que Omar  se teignait les cheveux avec soit du henné, soit avec du katam (plante en provenance du Yémen, qui, mélangée à l'eau donne une couleur acajou foncée.)


    On rapporte également, qu'il semblait sur un cheval, tant il dépassait les autres par sa taille.Abou Malek ajoute : "il marchait d'un pas pesant."


     


    La justice de Omar


    Anas Ibn Malek  rapporta que le Prophète d'Allah  a dit:


    « De toute ma communauté, c'est Omar qui est le plus ferme pour ce qui est de respecter les ordres d'Allah .» [ Rapporté par -Ibn Sa'd ]


    Aîcha la mère des Croyants - qu'Allah soit satisfait d'elle - a raconté que l'Envoyé  a dit:


    «Par celui qui détient l'âme de Mohammed entre Ses Mains, je vois les diables, qu'ils soient de l'espèce des génies ou de l'espèce humaine, prendre la fuite devant Omar. » [ Rapporté par Termidhi.]


    Aba Darr Al-Ghifari  dit avoir entendu le Messager d'Allah dire :


    « Allah a fait en sorte que la vérité coule facilement sur la langue de Omar. » [ Rapporté par Ibn Madja et Al-Hakim ]


    Oubay ben Ka'b  a rapporté que le Prophète  a dit :


    «Le premier homme qu'Allah saluera (le Jour du Jugement Dernier), sera Omar; et il sera le premier à qui Allah tendra la main pour le faire entrer au Paradis.» [ Rapporté par Ibn Madja ]


    Selon Oqba ben `Adr, d'Abou Saïd Al-Khoudri - qu'Allah les agrée - l'Envoyé d'Allah  a dit :


    «S'il y aurait un prophète après moi, ce sera Omar ben Al-Khattab.» [ Rapporté par Tirmidhi, Al-Hakim et Tabarani ]


    Selon Qoudama ben Madoun , le Prophète d'Allah montrant Omar ben Al-Khattab du doigt, dit :


    «Celui-ci est la clef de voûte qui vous sauvegardera de la discorde (fitna). Tant qu'il sera vivant parmi vous, il sera comme une porte bien fermée devant toute division !» [ Rapporté par Al-Bazar ]


    D'après Al-Fadl ben Abbas (qu'Allah les agrée lui et son père), l'Apôtre d'Allah  a dit :


    «Omar ben Al-Khattab est avec moi là où j'aime être, et moi je serais avec lui là où il aimerait être. La Vérité, après moi, sera avec Omar ben Al-Khattab, où qu'il soit !» [ Rapporté par Al-Boukhari.]


     


    Omar ben Al-Khattab et le Coran.


    Après qu'Abou Bakr  eut été convaincu du bien-fondé de la suggestion de Omar ben Al-Khattab  de recueillir le Coran, après la mort de 70 Compagnons faisant partie de ceux qui mémorisaient le Coran en entier, au cours de la bataille d'Al-Yamama, menée contre l'imposteur Mousaylama. Il demanda à Zayd ben Thabit le secrétaire du Prophète de s'en charger. Le travail de Zayd  consista à rassembler les Sourates et les versets coraniques qui étaient déjà enregistrés du temps du Prophète d'Allah mais écrits d'une façon éparse, sur des parchemins, des omoplates de chameaux, etc., et en faire un recueil complet, dans lequel les Sourates seraient réunies dans leur totalité.


    Après la mort d'Abou Bakr son successeur Omar ben Al-Khattab ordonna que l'on regroupe l'ensemble du texte en un et unique volume, afin qu'il soit conservé. Ce Saint manuscrit fut conservée par Hafça bent Omar et mère des Croyants (qu'Allah les agrée).


     


    Omar et le savoir


    Houdaïfa  a dit: "On aurait dit que la science de tous les hommes était dans la tête de Omar !"


    Omar ben Al-Khattab illustrait le Hadih du Prophète  dans lequel il a dit: «Qu'Allah bénisse celui qui a connu son époque, mais dont la conduite est restée comme il nous !'avait enseignée (c'est-à-dire : la Rectitude).»


    Omar  était un homme cultivé. Il savait lire et écrire aimait la poésie et apprenait des poèmes. De même, il connaissait les proverbes et les paroles de sagesse. Un jour, il recommanda à son fils Abd Er-Rahmane : "Mon fils, cherche à connaître tes origines, cela facilitera la reconstitution des liens de ta parenté. Apprends la meilleure poésie, tu amélioreras ton comportement et tes manières."


    Omar  recommanda de codifier   les règles de grammaire. Il ajouta : "La grammaire est la base de la langue."C'est pourquoi, Omar a dit : "La plus mauvaise des écritures est celle qui est difficile à lire et la meilleure écriture est la lisible. La mauvaise manière de lire, est celle de celui qui lit très vite ! "


    Abd-Allah ben Mes'oud  a dit: "Omar était le plus savant d'entre nous concernant le Coran. C'est lui qui fut le plus doué pour la compréhension de l'Islam. En cas de divergence sur la façon de lire un verset, on demandait de le lire de la manière dont le lit Omar."


    Omar  se distinguait entre tous les Compagnons du Prophète. Il éprouvait une passion pour toutes les sciences utiles. Il exigeait des gouverneurs d'avoir une connaissance parfaite de la géographie, surtout des régions qu'ils allaient gouvernaient. Lui-même, il s'y intéressait beaucoup, s'informant sur les us et coutumes des peuples, ainsi, il recommandait aux Musulmans d'apprendre les sciences de leur époque et d'en tirer profit pour leur bien-être. Il a dit entre autres : "Apprenez l'astronomie et la science des étoiles qui vous guideront en mer et sur terre; et, en ce domaine, limitez-vous à cela."


     


    Omar ben Al-Khattab et le califat


    "Ô Croyants ! Vous m'avez désigné, et si je ne prétendrais pas être le meilleur parmi vous et le plus qualifié à votre service, ainsi que tout ce qui touche à vos affaires, je n'aurais jamais consenti à prendre la charge. Car il me suffit à endurer le joug d'attendre le Jour du Jugement Dernier ! Comment puis-je vous garantir vos droits ? Comment dois-je les gérer au mieux et les mettre à exécution convenablement ? Quelle politique devrai-je choisir pour vous gouverner ?"


    Omar  se trouvait dans un état tel, qu'il ne pouvait plus se fier ni à sa force de caractère, ni à sa dextérité. A moins qu'Allah qu'Il soit exalté - ne lui vienne en aide, et ne lui porte assistance !


    Omar  ne faisait rien sans la consultation (choura) ligne de conduite pour la gestion de l'Etat. Il disait :


    "L'avis d'une personne est comme un fil ténu. Deux avis comme deux fil tressés. Si les points de vue sont nombreux, cela donne une résistante corde." Il ajouta : "Une quelconque affaire traitée sans consultation (choura) ne ramène rien de bon."


    Il ne décidait rien sans la consultation (choura). Il revenait sur sa décision, lorsque la consultation lui prouvait son erreur. Il fut entouré par les plus éminents Compagnons du Messager d'Allah (qu'Allah les agrée). Ceux dont la compétence et la notoriété scientifique étaient reconnues. Les membres de ce conseil furent : Al-Abas (l'oncle du Prophète), son fils Abd-Allah qui ne le quittait jamais même dans ses déplacements, `Othman ben `Affan, Abd Ar-Rahman ben `Awf Ali ben Abi Talib et d'autres encore.


     


    Omar et l'armée musulmane


         Omar  était le grand stratège de l'armée musulmane organisant les programmes logistiques de l'armée. Il installa pour cela des casernements dans différentes villes avec vivres et chevaux. Il établit à Koufa une caserne pour la logistique avec, en réserve, quatre mille cinq cents à cinq mille chevaux, sous la responsabilité de Salman ben Rabi'a Al-Bahili.


    Il réorganisa l'armée, en la dotant d'un service administratif. Il fixa la solde et pris en charge les familles des combattants pendant leur absences. Il s'intéressa le plus, du moral des combattants, et de leur piété.


    Omar ben Al-Khattab  fut le premier à organiser l'armée musulmane pour la reconstituer en une armée régulière. Il établit le service des soldats qui tenait les registres des noms des militaires, de leur grade, et de leur affectation. Il planifia la hiérarchie militaire et les différents pouvoirs :


        * Al-khalifa commandait à ses soldats,    * Caïd avait les hommes sous ses ordres,    * Emir Al-kourdouç à la tête de 1 000 hommes,    * Emir Al-djaïch : le plus haut gradé était à la tête de 10 000 hommes ou plus. Il veillait lui-même à l'entraînement de la cavalerie à l'extérieur de Médine.


    Omar  mit sur pied le Conseil de guerre et fixa également la discipline militaire.


    Il envoya à ses généraux cette "Note de service" :


    "Vous ne devez en aucun cas maltraiter les guerriers musulmans car vous risquez d'engendrer par votre conduite le désordre et le découragement. Ne les privez pas de leur droit, car vous les rendrez ingrats. Ne les faites pas camper dans des lieux malsains et marécageux, c'est une négligence qui les perdra physiquement ! " Omar ben Al-Khattab  était très strict et très sévère concernant la conduite des Musulmans vis-à-vis des habitants des différentes villes et régions conquises par les Musulmans. Il avait rédigé l'ordre suivant aux diverses troupes musulmanes :


    "Si vous descendez dans un lieu et que vous fâites un geste ou que vous énoncez ne serait-ce qu'un mot que le non-Arabe comprend comme étant une promesse de votre part au sujet de quelque chose, vous êtes dans l'obligation de vous en acquitter même si vous objecterez votre ignorance des us et coutumes ou de la langue locale, cela ne vous dispensera pas de cette imputabilité."


     


    Omar et les recommandations


    Lorsque Omar  désigna Sa'd  à la tête de l'expédition contre les Perses (Al-Qadissya) il lui dit: "O Sa d ben Wouhayb ! Ecarte la prétention et l'orgueil de ton coeur, on dit que tu es de la famille des oncles maternels du Messager d'Allah  ! En vérité, Allah n'efface pas le mal par le mal. Il efface le mal par le bien ! Allah n'a de lien de parenté avec personne, à l'exception du lien de l'adoration du serviteur vis-à-vis de son Créateur. Pour Allah, les riches et les pauvres, sont égaux. Il est leur Seigneur, et ils sont Ses serviteurs. S'ils se distinguent, c'est par leur abstinence, et ils ne peuvent atteindre ce qui est auprès d'Allah que par leur soumission totale. Alors rappelle-toi bien comment était le Messager d'Allah, depuis le commencement de sa mission jusqu'à ce qu'il rejoigne son Seigneur, et maintiens-toi fermement à lui. Voilà à quoi je t'incite ! Si tu l'omet et t'en écarte, ton action sera illusoire, et tu seras parmi les perdants !"


    Omar et les provinces musulmanes


    La superficie de l'Etat islamique s'agrandit grâce aux victoires musulmanes par les prises de l'Iraq, du Cham : (Jordanie, Palestine, Syrie, et le Liban) et de l'Egypte, pour des mobiles de planification, et de défense des intérêts des Musulmans le calife Omar ben Al-Khattab  découpa les terres conquises en provinces, à la tête de chacune d'elle, il désigna un gouverneur (wali). Une grande partie des gouverneurs furent des Compagnons du Messager Al-Moughira ben Chou'ba, Abou `Oubayd ben Al-Djarrah, selman Al-Farissi et Abou Moussa Al-Achâari.


    La tâche des gouverneurs était de diriger les Offices, de prendre soin à l'application de la Loi d'Allah (cha'ria). De veiller sur intégrité territoriale et de combattre les ennemis de l'Etat musulman. De faire régner l'ordre et la sécurité entre les citoyens avec la coopération d'un juge (cadi) et du directeur du cadastre. Le gouverneur était seul responsable des affaires financières de la province, dont il était garant devant le Calife.


     


    Omar et la Justice


    Omar  mit un service de surveillance des gouverneurs, concerné autant par leur méthode d'administrer que par les richesses qu'ils se procuraient. II nomma comme vérificateur (wakil) Mohammed ben Maslama. Un homme intègre dont la mission était de rendre compte au Calife de la véracité des plaintes que la population (musulmane où non) déposait contre son gouverneur.


    L'exemple de la plainte déposée par un Copte d'Egypte contre le gouverneur `Amr ben Al-`Aç et son fils. Ce fut lors d'une course de chevaux que le fils de `Amr ben Al-`Aç perdit contre un Copte. Il flagella ce dernier et l'emprisonna, en justifiant cette iniquité par son rang, c'est-à-dire "fils de deux nobles." Le Copte réussit à s'échapper de sa geôle, se rendit à Médine où il présenta son cas à Omar qui rappela de toute urgence `Amr ben Al-`Aç et son fils. S'étant attesté de l'exactitude des faits, il donna l'ordre au Copte de se faire justice lui-même en infligeant au "fils des deux nobles" le même châtiment que celui qu'il endura, puis il lui redonna le fouet pour qu'il fasse de même avec le père, ce que le Copte refusa, considérant qu'il avait obtenu satisfaction. C'est à cette occasion que Omar ben Al-Khattab  énonça la mémorable allocution :


    "Depuis quand vous attribuez-vous le droit de réduire en esclavage des hommes, alors que leur mère les a engendré libres ? "


    Il libéra tous les esclaves, et décréta l'abolition de toute forme d'esclavage en Arabie. Il se réunit annuellement avec ses gouverneurs, durant la période du grand Pèlerinage, pour d'une part, un compte rendu par les gouverneurs et d'autre part trancher les litiges, si litige, il y avait. Le rigorisme de Omar en matière de justice était connu de tous.


    On rapporta ceci : Le fils de Omar qui était en Egypte, commit un adultère. Le gouverneur `Amr ben Al-`Aç  n'a pas osé rapporté le fait au Calife, ce fut quelqu'un d'autre qui avisa Omar . Le Calife écrivit au gouverneur pour avoir le coeur net, `Amr  confirma le délit. Il convoqua et le gouverneur et son fils à Médine, où il flagella son fils en public conformément à la Loi d'Allah, jusqu'à ce que mort s'en suive. Son fils mourut au quatre-vingtième coup de lanière.


    C'est Omar  qui sépara le pouvoir exécutif du pouvoir judiciaire. La fonction du juge (cadi) fut totalement indépendante, libre de toute contrainte et d'éventuelles influences des gouverneurs.


    Le Messager d'Allah  a dit : «Sur trois juges (cadi) deux iront en Enfer et un au Paradis.»


    Selon Chi'bi, Omar se mit d'accord avec le propriétaire d'un cheval qu'il voulait acheter. Il l'utilisa sans en avoir acquitter le prix, pour le transport de matériaux. Entre temps le dit cheval, lors de ce transport se blessa le pied. Son propriétaire demanda réparation à Omar. Le Calife demanda à son adversaire de choisir un homme pour trancher ce litige. Le belligérant choisit Chouraih Al-Iraqi . Les deux parties lui posèrent le cas.


    Chouraih dit à Omar : "Vous avez pris le cheval en bonne santé, vous devez le rendre en cet même état à son propriétaire." L'exactitude du verdict rendu par Chouraih plut à Omar il le désigna au poste de juge (cadi) à Koufa.


    Pour la surveillance des poids et mesures ainsi que la qualité des marchandises, Omar  désigna une femme du nom de  Ash-Shifa', afin d'inspecter, contrôler et supprimer les éventuelles exagérations publiques dans les marchés de Médine.


    Il a été rapporté qu'un jour César dépêcha un agent vers Omar Ibn Al-Khattab  pour s'enquérir de sa condition et de sa politique. Une fois à Médine, il demanda aux Musulmans : "Où puis je touver votre roi ?" On lui répondit : "Nous n'avons pas de roi, mais un Emir ! Il est quelque part, hors de la ville".


    Il partit à sa recherche. Il le trouva couché à même le sable, et pour oreiller son bâton. L'apercevant dans cette posture, il fut impressionné et dit : "Cet homme, redouté de tous les rois par peur, mène une vie pareille ! C'est sûrement sa justice qui lui concède de jouir d'un sommeil aussi calme. Alors que notre roi, qui est inique, est toujours sur ses gardes."


    Tabari rapporta que Omar ben Al-Khattab  a dit :


    "Si un pâtre, au bord du Tigre ou de l'Euphrate, (deux fleuves d'Irak, à plus de trois mille kilomètres de Médine) égarait un mouton, j'aurais la crainte qu'Allah ne m'en demande des comptes, pour ne pas veiller sur son bien."


    On rapporte, un jour Bilal vint voir Omar Aslim son serviteur, l'informa qu'il dormait. Bilal en profita pour demander comment se conduisait Omar  avec les siens et son entourage. Aslim lui répondit : "C'est le meilleur des hommes, mais quand il se met en colère, cela fait peur !"


    Bilal  lui dit : "Si chaque fois qu'il se mette en colère, tu lui lis le Coran, il s'apaisera et sa fureur disparaîtra." Parlant de la justice, Omar  dit : "Cette responsabilité nécessite quelqu'un qui se comporte avec une sévérité sans coercition, et une bienveillance sans complaisance."


    Ainsi fut Omar le calife juste. Al-Farouq : le séparateur entre le bien et le mal, la justice et l'injustice. entre l'équité et l'iniquité, la légalité et l'illégalité, l'honneur et le déshonneur, la vertu et le vice, l'honnêteté et la malhonnêteté et enfin entre la dignité et l'indignité.


    Qu'Allah le Tout-Puissant l'enveloppe dans Sa miséricorde.

     

    Coran & Sunna


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  • Originaire de la Tribu des Kinana, Aisha était née environ 9 années avant l'Hégire, alors que la Révélation avait débuté depuis environ 3 ans. Elle était la fille d'Abû Bakr, ami fidèle et Compagnon le plus proche du Prophète qu'on appelait «As-Siddîq » (le véridique). C'est en compagnie de celui-ci que le Prophète accomplit l'Hégire vers Médine. Abu Bakr était marchand de vêtements à la Mecque.

     

    La mère de Aisha, Um Rummân, était la fille de Umayr ibn Amr. Elle fut - avec son époux - parmi les premiers musulmans dès la première année de la Révélation et connut toutes les persécutions menées contre les fidèles de la nouvelle religion. Elle fut très active aux côtés de son époux et le Prophète lui annonça qu'elle aurait une place aux Paradis. Elle mourut avant la disparition de l'Envoyé d'Allah et ce fut lui qui la déposa dans sa tombe. Aisha nous a rapporté : « Je n'ai pas connu mon père et ma mère autrement que pratiquant la religion musulmane. »

    Outre son frère 'Abdallah, Aisha avait une demi-sœur, Asmâ, fille d'Abû Bakr.

     

    En ce qui concerne le mariage du Prophète avec Aisha , on nous rapporte que l'Envoyé d'Allah vit en rêve l'Ange Gabriel lui présenter un morceau d'étoffe dans lequel quelque chose était enveloppé.

    Le Prophète lui demanda : « Qu’est-ce ? » et l'Ange Gabriel lui répondit : « Ta femme ! » En soulevant un coin de l'étoffe, il découvrit la jeune  Aisha . Ce message lui parvint comme un ordre divin. Il se rendit donc chez son ami Abu Bakr pour lui demander la main de sa fille, que ce dernier lui accorda avec joie. On situe cet événement aux alentours de l'an 3 avant l'Hégire (620 ap. J. C.).

     Aisha avait déjà été demandée en mariage par une famille de polythéistes, mais ceux-ci se mirent à craindre qu'en mariant leur fils avec  Aisha , il n'embrasse également la nouvelle religion et abandonne leurs traditions. Ils furent donc extrêmement contents lorsqu'une opportunité leur permit de renoncer à cette union. [...]

    Le jour où elle entra dans la Maison du Prophète , les choses se déroulèrent avec la plus grande simplicité, le repas de noces également. Ce jour-là, il n'y avait dans la maison qu'un bol de lait. L'Envoyé d'Allah en but une gorgée, donna le bol à Aisha qui en but également une gorgée, ainsi que les quelques autres personnes présentes. On était au mois de Shawwâl.

    Aisha fut installée dans son appartement dont l'unique porte donnait sur la mosquée et fermait par un simple rideau.  Le mobilier consistait en un matelas, un oreiller de fibres de dattiers, un tapis, deux jarres, l'une pour les dattes, l'autre pour la farine, ainsi qu'une cruche pour l'eau et un bol. Il y avait aussi une lampe à huile, qui, faute d'huile, ne fonctionnait pas souvent.  Nous avons vu que le mobilier de chacune pouvait être différent en raison de ce qu'elles avaient apporté avec elles ou reçu en cadeau de leurs familles.

    C'est la seule femme vierge que le Prophète épousa, toutes les autres Épouses avaient été déjà mariées et étaient devenues veuves.  On nous rapporte que Aisha était jolie. Dinet écrit qu'elle était gracieuse, très spirituelle et instruite. Plus tard, Aisha devait dire que parmi les Épouses, certaines étaient plus belles, en particulier Zaynab, Juwayriya et Safiya (Qu'Allah soit satisfait d'elles).

     Nous savons que Aisha fut, après Khadîja , l'Épouse préférée du Prophète . Mais elle n'était pas la « préférée » pour sa seule beauté, ni sa jeunesse, mais plutôt pour son intelligence et la vivacité de son esprit. Aisha a été choisie par "destin d'Allah" ; Allah est Le plus Savant ! Sa jeunesse était précisément un atout majeur pour la mission qu'elle allait devoir remplir tout au long de sa vie, comme nous le verrons plus loin.

    On nous rapporte qu'un Compagnon posa la question au Prophète :  « Qui aimez-vous le plus ? » - « Aisha, répondit-il » - « Pour les hommes, précisa-t-il. » - « Le père de Aisha ! » - « Et après lui ? » - « 'Umar ibn Al-Khattâb. » Puis, il énuméra d'autres personnages.» [Rapporté par Bukhârî]
     

    II avait besoin d'une femme jeune, intelligente et enthousiaste, capable d'assimiler et d'interpréter les lois de l'islam auprès des femmes. Or, dès sa plus petite enfance, elle voyait le Prophète pratiquement chaque jour, lorsqu'il rendait visite à son ami Abu Bakr, dans sa maison, lui transmettant, au fur et à mesure, les versets du Coran qui lui étaient révélés par l'Ange Gabriel. Ils évoquaient également ensemble les différents événements concernant la Communauté des musulmans.  Elle était vive et intelligente, nous l'avons dit, et elle apprit donc, dès son jeune âge, de la bouche même du Prophète , au fur et à mesure de la Révélation et des événements, tant avant qu'après son mariage, tout ce qu'elle devait savoir pour la mission d'enseignante qui allait lui incomber tout au long de sa vie.

     

    Elle avait les qualités requises et, en raison de sa jeunesse qui la rendait assez perméable, elle était davantage susceptible de recevoir et de retenir, pour ensuite retransmettre les enseignements de l'islam. Elle était encore jeune au moment de l'Hégire. Cependant, chacun était unanime à dire que nul ne pouvait mieux raconter tous les détails de l'Émigration, même plusieurs années après. Toute jeune fille qu'elle était alors, elle participa avec sa sœur Asmâ aux préparatifs secrets destinés au voyage du Prophète et de son père Abu Bakr. Plus tard, lorsqu'elle fut entrée dans la Maison de l'Envoyé de Dieu, son éducation se poursuivit.

    Dès qu'il rentrait, elle lui posait des questions. Lorsqu'il parlait aux gens dans la mosquée, elle se tenait auprès de la porte de son appartement, écoutant ce qu'il disait afin de profiter de son enseignement. C'est notamment par le fait de toutes les questions qu'elle posait à l'Envoyé d'Allah que nous sont parvenus bon nombre d'enseignements et de traditions.

    Il nous a été rapporté que son savoir était égal à celui de tous les Compagnons et des Mères des Croyants réunis. Cela est facile à expliquer : elle était presque toujours présente lors des entretiens que le Prophète avait avec les Compagnons lorsqu'il leur transmettait la signification du message divin. Elle le voyait vivre au quotidien et rien de ce qu'il disait ou faisait ne lui échappait.

    Ibn Abu Hurayra nous rapporte que :

    « Aïsha, épouse du Prophète, n'entendait jamais une chose qu'elle ne comprenait pas, sans revenir à la charge auprès de lui, jusqu'à ce qu'elle l'eût bien saisie. » [Rapporté par Bukhârî]

    Elle est reconnue pour avoir été l'une des plus grandes juristes de son époque. Elle avait, en outre, un goût développé pour les lettres et se distingua dans la poésie. Nous devons à l'insatiable curiosité de Aisha , des enseignements sur les sujets les plus divers. En voici quelques exemples :

    - A la suite de la question sur le jihâd : « Ne pourrions-nous pas la faire ? » « Non, lui répondit le Prophète, le jihâd la plus méritoire pour vous les femmes, c'est un pèlerinage pieusement accompli » [Rapporté par Bukhârî]  Ou selon une autre version : « Votre jihâd, c’est le pèlerinage ! »

    - Le consentement obligatoire de la future épouse à son mariage. « La vierge a honte » avait fait remarquer Aisha . Le Prophète avait alors précisé :  « Son consentement vaut par son silence. » [Rapporté par Bukhârî]

     

    Nous verrons que de nombreux événements furent générateurs d'enseignements importants à la fois pour les femmes et pour l'ensemble des musulmans.

    Aisha connaissait la généalogie et l'histoire de toutes les tribus de l'Arabie préislamique, ce qui était très important pour la « stratégie » que le Prophète dut mettre en place, afin que la Communauté puisse nouer des alliances avec les unes et les autres. Et nous constaterons que plusieurs des mariages du Prophète participèrent à ces rapprochements.

    Aisha passe encore pour avoir eu de bonnes connaissances en médecine. Il semble qu'elle ait acquis ce savoir en particulier lors de la maladie du Prophète , alors que de nombreuses délégations se sont succédé à son chevet, en provenance de toutes les régions de l'Arabie, pour tenter de le délivrer de son mal, en lui prescrivant des médicaments que Aisha se chargeait elle-même de préparer.

     

    On nous rapporte aussi à son sujet qu'elle participa, avec certaines des Épouses et d'autres femmes parmi les premières musulmanes, à plusieurs des campagnes militaires qui eurent lieu, notamment à Uhud, à la Guerre du Fossé, où les femmes apportèrent leur participation active en soignant les blessés et donnant à boire aux combattants. Le hadîth rapporté par Anas en témoigne :

    « Je vis Aisha et Um Salama, les vêtements retroussés au point que je pouvais apercevoir le bas de leurs jambes, bondir avec les outres sur le dos et les vider dans la bouche de la troupe. Ensuite, elles venaient remplir leurs outres et retournaient à nouveau les vider dans la bouche de la troupe. » [Rapporté par Bukhârî]

    Nous savons qu'il y eut des femmes musulmanes à toutes les campagnes militaires, sauf la première, à Badr. [...]

    On signale que du vivant de l'Envoyé d'Allah , on comptait déjà 20 femmes juristes parmi les Compagnons. C'est dire l'importance du savoir pour tous les musulmans, y compris les femmes.

    « La recherche du savoir est une obligation pour chaque musulman. »
    [Rapporté par Bukhârî et Ibn Mâja]

    Mais revenons à Aisha pour dire que nous lui sommes redevables d'un grand nombre de ahadith (environ 2.200). À ce propos, le Prophète a dit : « Aisha est la moitié de la religion ».

    Le rôle de Aisha au sein de la famille du Prophète fut des plus important. Aisha fut, nous l'avons déjà dit, après Khadîja , l'Épouse préférée du Prophète. Anas ibn Malik a rapporté que le Prophète a dit : « La supériorité de Aisha sur les autres musulmanes est comme celle du tsarîd sur les autres mets. » II s'agissait du plat que préférait le Prophète.

    De nombreux événements ont marqué la vie conjugale du Prophète.

    Aisha était assez spontanée... ce qui provoquait parfois quelques incidents ; mais ceux-ci furent autant d'enseignements donnés aux musulmans, soit que la révélation d'un verset, soit qu'une parole ou un acte du Prophète soient parvenus aux musulmans avec, pour objectif essentiel, de les instruire dans leur religion en leur montrant la solution en fonction des circonstances.  Nous relaterons ci-après ceux des événements qui semblent les plus marquants du point de vue des bienfaits apportés à la Communauté, événement liés à la présence de Aisha dans la maison de l'Envoyé d'Allah .

     
    1 - L'affaire de la calomnie

    L'affaire se situe en l'an 5 de l'Hégire. Aisha doit avoir autour de 14 ou 15 ans. Cet incident eut un caractère plus grave que tous ceux qui émaillèrent la vie de Aisha. Il survint après la révélation concernant le port du voile. Lorsque l'une des Épouses voyageait avec le Prophète , on descendait son palanquin de son chameau au moment des haltes. Ainsi, lorsqu'elle avait besoin de s'isoler un moment, elle le faisait de façon discrète, en s'éloignant du camp.

    Il arriva donc, lors d'une halte, au retour de la campagne victorieuse menée contre la tribu des Banul Mustaliq, tandis que Aisha avait quitté son palanquin, que le Prophète donna le signal du départ et le palanquin de celle-ci fut remit sur le chameau. Compte tenu de sa légèreté, personne ne s'aperçut qu'elle n'était pas à l'intérieur, et la caravane reprit la route sans elle. Lorsqu'elle revint au camp, elle ne trouva plus personne ; sans s'affoler, convaincue qu'on s'apercevrait rapidement de son absence et qu'on reviendrait la chercher, elle demeura sur place et s'endormit.

    Au petit matin, c'est un membre de la caravane, Safwân (dont la mère était la tante maternelle d'Abû Bakr), qui la trouva ainsi endormie. Il avait marché toute la nuit (il était chargé d'assurer l'arrière-garde afin de récupérer les retardataires ou encore les objets perdus). Il l'appela, puis la reconnaissant, la fit monter sur son chameau et la ramena en tenant l'animal par la bride, à marche forcée, pour rejoindre la caravane au moment où celle-ci faisait une nouvelle halte.

    Cet incident - qui se situe après la révélation sur le voile - n'aurait pas eu d'autres suites si la jalousie n'avait habité le cœur de quelques personnes, les unes à l'égard de Aisha , les autres à l'égard de Safwân. Le voyage se termina sans que rien ne survienne. Arrivée à Médine, Aisha tomba malade pendant un mois. Elle n'imaginait pas qu'elle et Safwân étaient l'objet d'une telle « affaire ».

    Le Prophète venait d'épouser Juwayriya , fille du chef de la tribu des Banul Mustaliq et ne se doutait pas non plus de ce qui se tramait. C'est pourtant à ce moment que débuta la calomnie contre Aisha et Safwân. Ce que le Prophète finit par savoir.  Aisha s'étonnait de ce que l'Envoyé d'Allah ne s'attarde guère auprès d'elle alors qu'elle était malade. Il prenait de ses nouvelles et repartait, sans rester pour bavarder avec elle selon son habitude. Elle n'apprit les rumeurs calomnieuses dont elle était l'objet qu'après être rétablie, de la bouche de Um Mistah, mère d'un des auteurs de la rumeur.

    Aisha en fut abasourdie et tomba de nouveau malade. Elle demanda au Prophète la permission de se rendre chez ses parents, afin de s'assurer auprès d'eux de ce qu'elle venait d'apprendre. Elle interrogea sa mère ; Um Ruman lui confirma la rumeur qui circulait, mais tenta de la réconforter en lui disant de ne pas trop attacher d'importance à ces commérages, [...].

    Aisha , au lieu d'être réconfortée ou rassurée, pleura abondamment. On nous dit même qu'elle se serait évanouie.

    Mais, contrairement à ce que pensait sa mère, aucune des Mères des Croyants (Qu'Allah soit satisfait d'elles) ne prit part à ces rumeurs. Il s'agissait de femmes pieuses et dignes, et, quelque motif de jalousie qu'elles auraient pu avoir, aucune ne contribua à colporter ces bruits. Bien au contraire, elles parlaient toutes en faveur de Aisha.

    Par contre, Hamna, la sœur de Zaynab bint Jahsh, une des Épouses, participa à la calomnie, espérant discréditer Aisha au profit de Zaynab , aux yeux du Prophète . Mais Zaynab ignorait tout. On nous rapporte même que, comme les autres Épouses, le Prophète l'interrogea sur ce qu'elle savait. Elle avait répondu :

    « Ô Envoyé d'Allah ! Je respecte mes yeux et mes oreilles. Je ne sais que du bien. » Et aisha ajouta : «Zaynab était la seule des Épouses qui fut sur un pied d'égalité avec moi. Allah la préserva à cause de sa réserve. Sa soeur se mit alors à lui être également hostile. » [Rapporté par Bukhârî]

    En réalité, la calomnie avait pris naissance par un certain Ibn Ubbay et quelques autres « hypocrites », puis fut reprise et propagée par Mista (pour se venger d'un différend entre lui et Abu Bakr) et par le poète, Hassan Ibn Thâbit (qui avait un grief contre Safwân), et enfin, Hamna, sœur de Zaynab, dont nous venons de parler.

    Aisha fut ramenée chez elle par ses parents. Elle ne cessait de pleurer et espérait être innocentée.

    De son côté, le Prophète n'avait pas le moindre doute quant à l'innocence de sa jeune épouse et de Safwân mais il ne pouvait l'innocenter uniquement parce que sa conviction était faite. Il attendait de recevoir la preuve de cette innocence et comme celle-ci tardait, il interrogeait les autres Épouses et ses proches. Tous disaient la même chose :

    « Cela n'est que mensonges. Nous ne connaissons de Aisha que du bien. » [Rapporté par Bukhârî]

    Parmi les Compagnons, il interrogea également 'Ali ibn Abu Tâlib et Usâma ibn Zayd. Usâma, certain qu'elle était innocente également, conseilla :

    « Garde ton épouse. Nous ne savons que du bien d'elle. » Quant à 'Ali, il lui répondit : « Ô Envoyé d'Allah, Allah n'a pas voulu te contrarier. Il y a en dehors d'elle beaucoup d'autres femmes. Interroge sa servante, elle te dira la vérité ! » [Rapporté par Bukhârî]

    Cette réponse, un peu ambiguë, blessa Aisha qui s'en souvint longtemps après. Mais nous le verrons plus loin.

    Le Prophète interrogea aussi la servante de Aisha , Barîra, qui répondit : « J'en jure par Celui qui t'a envoyé, je n'ai jamais rien vu de répréhensible, sinon qu'étant une toute jeune femme, il lui arrive parfois de s'endormir auprès du dîner de son mari et de laisser manger sa pitance par le mouton familier de la maison ! »

    Le Prophète résolut d'évoquer publiquement cette affaire en s'adressant aux fidèles. Il leur tint à peu près ce langage:

    « O Gens ! Que vous semble-t-il de ceux qui m'offensent au travers des membres de ma famille en répandant sur eux de faux bruits ?   Par Allah, je ne connais que du bien des gens de ma maison et que du bien de l'homme dont ils parlent, qui n’est jamais entré dans l'une de mes maisons sans que je sois avec lui. » [Rapporté par Bukhârî]

    II s'ensuivit même une altercation entre plusieurs personnes, et le Prophète dut ramener le calme entre eux. Aisha ignorait alors que le Prophète Muhammad l'avait ainsi publiquement défendue ; cependant, cela l'eut bien réconfortée. Elle continuait de pleurer tout en plaçant sa confiance en Allah.  Il ne suffisait évidemment pas que le Prophète et quelques autres personnes soient convaincus de l'innocence de Aisha et Safwân pour que tout rentre dans l'ordre ; il fallait une preuve et celle-ci tardait à se manifester !

    C'est par les épreuves auxquelles II soumet les Croyants qu'Allah élève leur foi. Il y a là, pour tout musulman, de quoi méditer sur le fait que la confiance en Dieu est essentielle dans les moments difficiles de l'existence.

    Un mois s'était écoulé depuis le début de l'affaire. Un jour, alors que ses parents étaient près d'elle, ainsi qu'une femme des Ansar venue la réconforter, Aisha vit le Prophète entrer chez elle. Il la salua et s'assit, ce qu'il n'avait pas fait depuis le début de sa maladie.

    Bukhârî nous rapporte que le Prophète prononça la shahâda, puis s'adressa à elle en ces termes :

    « O 'Aïsha, il m'est parvenu telle ou telle chose sur ton compte ; si tu es innocente, Allah te justifiera ; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et reviens à Lui. Le fidèle qui reconnaît ses fautes et qui revient à Allah, Allah revient à lui. »

    À peine avait-il achevé de parler qu'elle cessa de pleurer et, s'adressant à son père, le pria : « Réponds à l'Envoyé d'Allah pour moi ! » Abu Bakr lui dit alors : « Je ne sais pas quoi lui dire ! » Elle adressa la même demande à sa mère, qui lui fit la même réponse. Alors, s'adressant elle-même au Prophète , elle lui dit :

    « Je sais que vous avez entendu ce que les gens disent ; cela est entré dans vos âmes et vous y ajoutez foi. Si je vous dis que je suis innocente - et Allah sait que je suis innocente - vous ne me croirez pas. Mais, si je vous avouais que j'ai commis ce dont Allah sait que je suis innocente, vous me croiriez. Je vous dirai donc ce qu'a dit le père de Joseph :

     { La résignation est une belle chose et Dieu me viendra en aide contre ce que vous avez raconté.}
    [Sourate 12 – Verset 18]

    II s'agit-là des paroles de Jacob à ses fils venus lui annoncer la mort de Joseph, alors qu'ils s'étaient mis d'accord entre eux pour le jeter dans un puits.

    Après cette réponse, Aisha retourna s'allonger sur son lit tandis que le Prophète prolongeait sa visite, avec ses parents. Et, tandis qu'il était encore là, il reçut la révélation qui innocentait enfin Aisha :

    « Oui, ceux qui sont venus avec la calomnie, c'est tout une bande des vôtres. Ne la comptez pas pour un mal, au contraire, cela vous est un bien. À chacun d'eux ce qu'il gagne comme péché. À celui, cependant, qui se charge de la part la plus grande parmi eux, un énorme châtiment.

    Pourquoi, lorsque vous l'avez entendue (la calomnie), Croyants et Croyantes, n'avez-vous pas pensé à bien en vous-mêmes et n'avez-vous pas dit : "C'est une calomnie évidente."

    Pourquoi les autres ne produisent-ils pas quatre témoins ? Alors, s'ils ne produisent pas de témoins, ce sont eux auprès de Dieu les menteurs. Et n'étaient la Grâce de Dieu sur vous, et Sa miséricorde ici-bas comme dans l'au-delà, un énorme châtiment vous aurait touchés pour ce que vous avez lancé.

    Quand vous receviez sur vos langues et disiez de vos bouches ce dont vous n'aviez aucune science, et vous le comptiez pour rien, alors que - auprès de Dieu - c'était énorme.

    Et pourquoi ne disiez-vous pas, lorsque vous l'entendiez : Qu'avons-nous à en parler ?
    Pureté à Toi ! C'est une énorme calomnie !

    Dieu vous exhorte à ne plus jamais répéter une chose pareille si vous êtes Croyants. Et Dieu vous expose les signes. Dieu, cependant, est Savant et Sage. » [Sourate 24 – Versets 11-18]
     

    Le Prophète redevint souriant et annonça à Aisha : « Ô 'Aïsha ! Allah te déclare innocente ! »

    Ses parents, toujours présents, lui conseillèrent : « Va vers lui et sois-lui reconnaissante. » Mais elle leur répondit : « Je n'irai pas à lui et c'est Allah Seul que je vais louer. » Comme on le voit, malgré son jeune âge, Aisha avait du caractère et une forte personnalité.

    Mais nous devons ici constater que la révélation de ces versets fut un grand bien pour la Communauté des musulmans ; ces versets, en effet, interdisent toute supputation sur la conduite d'une femme et il interdit de porter atteinte à qui que ce soit en l'accusant d'adultère, à moins de pouvoir présenter le témoignage de quatre personnes de bonne foi.

     
    2 - L'ablution sèche (Tayamûm)

    Aisha et Um Salama avaient accompagné l'Envoyé d'Allah lors d'une expédition. La troupe avait fait une halte au moment de la prière du soir et s'apprêtait à repartir lorsque Aisha s'aperçut qu'elle avait perdu le collier d'onyx qu'elle portait. Selon une version, il lui avait été offert par sa mère le jour de son mariage, selon une autre version, il lui avait été prêté par l'une des Mères des Croyants. On le chercha, en vain.

    Le Prophète fit établir le camp pour la nuit. Mais il n'y avait pas d'eau à cet endroit. Les Compagnons se plaignirent à Abu Bakr de la futilité du motif qui les obligeait à passer la nuit dans cet endroit, les privant de l'eau nécessaire à leurs ablutions.

    Abu Bakr vint faire des reproches à sa fille et lui dit : « Tu crées constamment des problèmes... » Vers la fin de la nuit, le Prophète reçut une révélation qui institua l'ablution sèche (tayamûm).

     [...] Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un de vous revient d'un endroit où il a fait ses besoins, ou si vous avez approché vos femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, faites ablution sèche en touchant une terre pure. Essuyez votre face et vos mains. Dieu est certes Pardonneur et Miséricordieux. [Sourate 4 – Verset 43]

    Du coup, toute la troupe se réjouit alors et dit : « Ô Famille d'Abû Bakr ! Ce n'est pas votre premier don à l'Islam. »

    Abu Bakr - qui était bien fâché contre sa fille - vint lui dire : « Je n'imaginais pas que tu puisses être la source d'une telle bénédiction pour les musulmans. Grâce à toi, les gens se sont vus accorder une grande facilité. »

    Un autre hadîth nous rapporte que Usayd ibn Hudayr vint dire à Aisha :

    « Allah te récompense en bien ! Car, par Dieu, il ne t'est jamais arrivé une chose déplaisante sans qu'Allah n'en ait fait quelque chose de bon pour toi et tous les musulmans. » [Rapporté par Bukhârî]

    N'oublions pas que le moindre des déplacements dans cette région avait lieu dans le désert et les points d'eau étaient souvent éloignés les uns des autres, ce qui ne rendait pas les voyages faciles ! D'ailleurs, à propos de cette remarque, Abu Hurayraa rapporté que le Prophète a dit :

    « Le voyage est un des aspects de la torture où le voyageur s'empêche de dormir, de manger et de boire. Lorsque vous avez terminé vos affaires, hâtez-vous de retourner dans votre famille. » [Rapporté par Bukhârî]

    Cet événement eut donc une incidence bénéfique pour tous les musulmans qui, jusqu'à nos jours, utilisent ce moyen lorsqu'ils se trouvent dans des circonstances où ils n'ont pas d'eau. Puis, comme pour bien souligner que cet incident avait essentiellement valeur d'enseignement, le collier fut retrouvé sous le chameau de Aisha au moment où il se releva !

     
    3 - L'affaire du pot de miel

    Le Prophète s'attardait depuis quelque temps chez Hafsa , l'une des Épouses, qui lui donnait à boire du miel qu'elle avait reçu, ce qu'il appréciait particulièrement. Nous savons que le Prophète aimait les mets sucrés.

    Aisha et quelques-unes des Épouses (Safiya et Sawda, semble-t-il) se mirent d'accord pour dire au Prophète , lorsqu'il revenait, que son haleine dégageait une odeur désagréable. Cela mit un terme aux moments « gourmands » du Prophète, mais elles prirent conscience qu'elles l'avaient privé d'un plaisir. [Rapporté par Bukhârî]

    Selon une autre version, il s'était attardé à boire du miel chez Zaynab. C'est à cette occasion que fut révélé le verset suivant :

    Ô Prophète ! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes Épouses, t'interdis-tu ce que Dieu t'a permis [...]
    [Sourate 66 – Verset 1]

     
    4 - Les bagages de Safiya

    Au retour du pélerinage de l'Adieu, ' Aisha avait peu de bagages alors qu'elle montait un puissant chameau, tandis que Safiya, une autre des Épouses, avait des bagages lourds et un chameau faible qui ralentissait la marche de la caravane.

    Afin de répartir la charge, le Prophète donna l'ordre de placer un bagage lourd sur le chameau de 'Aïsha, sans avoir demandé l'accord de chacune. Aisha en fut contrariée.

    Le Prophète lui proposa : « Veux-tu que Abu Ubayda arbitre entre nous ? - Non dit-elle, il ne me donnera jamais raison contre toi ! - Alors 'Umar ? Proposa-t-il. - Oh non ! J'ai peur de lui ! Même Satan a peur de lui ! - Eh bien, veux-tu que ce soit ton père, Abu Bakr ? »

    Elle y consentit et on fit appeler Abu Bakr , qui, apprenant la cause de l'incident et l'entêtement de sa fille avant même que le Prophète n'ait terminé son exposé et que Aisha puisse défendre sa cause - leva la main et la gifla... Le Prophète l'arrêta en disant : « Je n'ai pas voulu cela. » II se leva et lava de ses mains le visage et la robe de sa jeune épouse. [Rapporté par Bukhârî]

    [...] Bien des anecdotes nous ont encore été rapportées sur Aisha en particulier. [...]

    Nous savons que l'Envoyé d'Allah confiait à Aisha ses projets les plus secrets. Par exemple, en matière de stratégie, il lui arrivait de préparer une expédition en ne faisant part de ses intentions ou de la destination qu'à sa jeune épouse. À ceux qui venaient ensuite l'interroger sur tel ou tel sujet, elle répondait qu'elle ne dirait rien, même à son propre père !

    Quant à Aisha , elle aimait tellement le Prophète qu'elle était inquiète dès qu'il s'éloignait. Un jour, elle l'entendit se glisser dehors en pleine nuit, et pour savoir où il se rendait, elle le suivit ; il allait au cimetière pour prier pour ceux qui étaient morts. Bouleversée, elle dit alors : « Je donnerais la vie de mon père et de ma mère pour lui ! » Souvent, il s'endormait la tête posée sur ses genoux.

    Nous avons vu que Sawda , devenue âgée, lui avait cédé son jour de visite. Ainsi, le Prophète passait plus de temps encore avec 'Âïsha, lui permettant encore de multiplier les occasions de parfaire ses connaissances. Lors de l'expédition de Khaybar, l'étendard (râyah) du Prophète fut confectionné dans la houppelande de Aisha. Il était noir et carré.

     
    Sur la maladie du Prophète

    Lorsque le Prophète fut atteint de la maladie qui devait l'emporter, il continuait de visiter successivement chacune de ses Épouses (Qu'Allah soit satisfait d'elles) et interrogeait chaque jour en disant : « Où serai-je demain ? » et ce, jusqu'au jour de sa visite chez Aisha , chez laquelle il restait calme, sans interroger sur le lendemain.

    On nous rapporte qu'à partir du moment où il fut immobilisé par cette maladie, il sollicita des Mères des Croyants la permission d'être soigné chez 'Âïsha, ce qu'elles acceptèrent. [Rapporté par Bukhârî]  Il fut donc transporté de l'appartement de Maymûna à celui de Aisha , soutenu d'un côté par 'Ali, de l'autre par 'Abbâs.

    La maladie empirait. Toutefois, un jour, il put se rendre dans la mosquée et il parla aux fidèles, invoquant longuement Allah pour les martyrs de Uhud en particulier. Puis, il donna l'ordre que soient fermées toutes les portes donnant sur la mosquée, sauf celle d'Abû Bakr.

    Il vécut ses derniers instants chez Aisha . On nous rapporte que peu avant sa mort, le Prophète vit le frère de Aisha entrer dans la pièce avec un bâton de miswâk (brosse à dent naturelle). Aisha lut dans ses yeux qu'il en avait envie. Elle le mâchonna d'abord un peu et lui en frotta les dents. Puis, elle lui prit la tête et la plaça dans le creux de son épaule, afin qu'il soit aussi confortable que possible et c'est ainsi qu'il rendit le dernier soupir.

    Aisha nous a rapporté au sujet de ses derniers instants que le Prophète répéta : « II n'y a aucun dieu si ce n’est Allah lui-même. Quelle agonie que la mort. » Puis, Aisha l'entendit dire d'une voix à peine perceptible, « ...mais avec le Compagnon le plus haut », comme s'il faisait un choix.

    Aisha nous dit encore : « J'étais jeune et je ne comprenais rien. Dans ma stupidité, le Prophète rendit le dernier soupir dans mes bras et je ne le sus pas. Ce n'est que lorsque les autres femmes présentes se mirent à pleurer que je compris ce qui s'était passé... » [Rapporté par Bukhârî]

    Aisha a rapporté : « II mourut le jour même où c'était mon tour de le recevoir dans mon appartement. Allah recueillit son âme tandis que sa tête reposait entre ma gorge et ma poitrine et ma salive fut mélangée à la sienne. » [Rapporté par Bukhârî]

    Le Prophète fut enterré sur place, dans la chambre de Aisha. Elle continua d'y habiter. Sawda, l'une des Épouses qui mourut en l'an 24 de l'Hégire, lui légua son appartement qui était mitoyen du sien, ce qui permit à Aisha d'agrandir son habitation devenue très petite du fait de la place occupée par le tombeau du Prophète . Lorsque, chacun à son tour, Abu Bakr, puis plus tard, 'Umar, quittèrent ce monde, ils furent tous deux enterrés auprès du Prophète.

    On sait que lorsque 'Umar fut à l'agonie, il envoya son fils 'Abdallah chez 'Aisha , qui la trouva assise, pleurant. « 'Umar t'adresse le salut et te demande l'autorisation d'être enterré avec ses deux Compagnons. - Je l'aurais désiré pour moi-même, mais je lui donne la préférence sur moi-même. »  [...]

    Après la disparition du Prophète , elle continua d'occuper une place importante au sein de la communauté des musulmans, malgré sa jeunesse.

    Elle jouissait d'une grande réputation. On venait la consulter. Elle était particulièrement savante en matière de jurisprudence. On nous rapporte qu'un grand nombre de Compagnons venaient étudier la jurisprudence islamique avec elle. Atâ a rapporté : « Aisha était plus instruite qu'aucun homme de son temps. »

    'Aisha , avec quelques autres Compagnons, firent de Médine un centre d'études parmi les plus importants du monde pour l'époque. On nous précise encore que les gens qui avaient eu le privilège d'étudier avec elle étaient ensuite parmi les plus brillants.  Au temps de leur califat respectif, Abu Bakr et 'Umar  venaient consulter Aisha pour lui exposer tel ou tel problème auquel ils se trouvaient confrontés et l'interroger pour savoir ce que le "Prophète aurait dit ou fait en pareille circonstance".  [...]

    Alors qu'il était devenu à son tour calife, Mu'âwiya l'interrogea. Elle donna comme réponse ce hadîth de l'Envoyé d'Allah : « Celui qui essaie de contenter Allah, ne se préoccupant pas du mécontentement des gens, sera protégé contre la méchanceté des gens. Mais celui qui contente les gens en ne se préoccupant pas du mécontentement de Dieu, sera abandonné par Allah et à la merci des gens. »

    Elle avait les moyens de vivre mieux car elle recevait, comme les autres Mères des Croyants, une pension versée par les Califes successifs.  Mais Aisha , qui était d'une extrême générosité, chargeait sa servante, dès qu'elle recevait cette pension, de distribuer aussitôt le tout aux nécessiteux, négligeant de garder quelque chose pour elle. Le soir venu, elle disait à sa servante : « Pourquoi ne m'as-tu pas fait penser de garder de quoi dîner ce soir ? »

    Ainsi donc, parfois, elle n'avait même pas de quoi dîner. Elle avait tellement pris l'habitude d'une vie frugale au cours de ses années difficiles passées dans la maison du Prophète , jeûnant beaucoup, qu'elle continua de vivre de la même manière après sa disparition, alors que les moyens de la communauté s'étaient améliorés.

    Urwa a rapporté qu'un jour, il a vu Aisha qui avait reçu 70.000 dirhams, les distribuer aux pauvres, tandis qu'elle-même portait une chemise rapiécée.

    Un Compagnon s'étant ému de ce qu'elle redistribuait aux pauvres tout ce qu'elle recevait au fur et à mesure, elle s'était écriée en l'apprenant : « Comment ? On m'interdirait mes libéralités ? » et elle avait bien entendu continué ses pratiques ! [Rapporté par Bukhârî]

    Un jour, elle reçut - sur la demande de celui-ci - Hassan ibn Thâbit, qui avait été l'un des acteurs de l'affaire de la calomnie. Comme on s'était étonné qu'elle le reçoive, elle répondit : « Pourquoi pas. N'a-t-il pas été déjà frappé d'un terrible châtiment ? » II était, en effet, devenu aveugle.

    Avant qu'elle ne meure, alors qu'elle était à l'agonie, Ibn 'Abbâs demanda à être reçu par elle. Comme elle hésitait, dans la crainte qu'il ne lui fasse des compliments, on lui fit valoir qu'il s'agissait de l'oncle paternel du Prophète et l'un des principaux personnages parmi les musulmans. Elle le reçut donc.

    - « Comment te trouves-tu, lui demanda-t-il ? » - « Bien, si je crains Dieu, répondit-elle. » - « Tu seras bien, s'il plaît à Dieu, car tu as été l'Épouse de l'Envoyé d'Allah et la seule vierge qu'il ait épousée. Enfin, la Révélation t'a reconnue innocente. »

    Après cette visite, Aisha devait dire « Ibn 'Abbâs m'a fait des compliments. J'aurais préféré qu'on m'eût oubliée. »

    Aisha vécut jusqu'à l'âge de 67 ans et mourut pendant le mois de Ramadan de l'an 57 de l'Hégire, sous le califat de Mu'âwiya.

    Elle fut enterrée, comme elle l'avait souhaité, après la prière de la nuit, dans l'heure qui suivit sa mort, dans le cimetière des femmes à Médine, auprès de ses compagnes, les Mères des Croyants (Qu'Allah soit satisfait d'elles) qui l'avaient devancée.

    Abu Hurayra fit la prière sur elle avec les autres Compagnons . Ce sont ses neveux qui la déposèrent dans sa tombe.

     

    Qu'Allah soit satisfait de Aisha.


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